Quand vous commencez la pratique de la danse, surtout dans un cursus professionnel, on vous martèle dès le départ de l’importance de la plastique ; le danseur se doit d’être à l’image de ce que se préfigure le spectateur en regardant un danseur. Des siècles de collants moulants ou de juste-au-corps aux côtes dessinées ont parfaitement joué leur rôle de pensée subliminale dans l’esprit des hommes.
Alors ! Lorsque vous rencontrez le monde du handicap physique, des êtres aux physionomies transformées, mécanisées, en souffrance pour certains, votre fibre artistique est ébranlée, émue, désarçonnée au plus profond de vos convictions sur votre propre image de l’esthétique.
On dit qu’une ville cosmopolite amène une richesse par ce partage intrinsèque des cultures ; après l’exploration de la danse avec des personnes handicapées, c’est tout à fait le même phénomène qui s’opère. La différence des corps, des possibilités de chacun décuple invisiblement le processus de création et apporte en filigrane une richesse supplémentaire, un vocabulaire nouveau, une alchimie sublimée. Les égos des plastiques parfaites se mettent au service des autres et son image dans le miroir devient plus juste, plus partagée au monde et donc plus grande pour le spectateur.
Notre société a longuement écarté l’idée d’une vie quotidienne inclusive, il aura fallu attendre une loi de 1985 pour réveiller les consciences. Lentement, elle tente de rattraper son retard en terme d’égalité, le chemin est encore long mais, peut-être que l’art inclusif et en particulier la danse inclusive transcendera et accélèrera ce processus qui se doit de rester irréversible.
Chorégraphe de la Klaus Compagnie